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Reconnaissance géologique

A la découverte de notre « paysage » souterrain

Avant d’être remodelé par l’homme au cours des derniers millénaires, notre paysage a été façonné par la nature durant des milliards d’années. Toute construction repose sur un « paysage » souterrain qui peut être tout aussi complexe, voire plus que ce que nous pouvons apercevoir à la surface.
Reconnaitre la géologie des terrains, c’est :

  • identifier la nature et la géométrie des différentes couches du sous-sol,
  • détecter les structures naturelles qu’on peut y trouver (failles, fractures, cavités…),
  • et repérer les circulations d’eau au sein de ces terrains.

De la reconnaissance géophysique au modèle géologique

Si la géophysique ne permet pas de voir directement de quoi est constitué notre sous-sol, elle peut tout au moins le modéliser. Les forages mécaniques permettent d’obtenir des informations géologiques précises, mais très ponctuelles. La géophysique permet quant à elle de prospecter de manière non destructive de grandes surfaces. L’association des deux multiplie les possibilités de construire des modèles géologiques à grande échelle.

Reconnaissance d’un fontis par géoradar sous le plancher d’une chapelle
Reconnaissance d’un fontis par géoradar sous le plancher d’une chapelle

En quoi la reconnaissance géologique est-elle utile ?

La reconnaissance géologique du sous-sol est essentielle dans de nombreux domaines d’application : génie civil, hydrogéologie, archéologie, ferroviaire, minier.

Sur quels types de projets ?

Dès lors que le projet consiste en l’exploitation du sous-sol ou qu’il soit lié à la consistance de ce dernier, une reconnaissance géologique peut être utile pour :

  • les projets d’aménagement BTP (qualité d’assise des sols et massifs rocheux, détermination des limites de rippabilité pour le choix des techniques de terrassement),
  • le diagnostic des désordres d’origine naturelle sur les constructions, interactions sol/structure (fissures, fractures, affaissements ou effondrements liés à la nature des terrains, leurs mouvements, la présence de cavités ou de circulations d’eau),
  • le diagnostic des mouvements et des fuites des ouvrages en terre (chaussées, remblais, digues, barrages…),
  • l’étude des matériaux de construction, recherche de substratum rocheux, étude de faisabilité ou exploitation de carrière,
  • l’implantation de forages hydrauliques,
  • la prévention des risques naturels, instabilité de talus, effondrements, affaissements, inondations,
  • les études de pollution du sous-sol.

Que détecte-t-on dans le sous-sol ?

La reconnaissance géophysique des terrains permet de mettre en évidence :

  • les horizons géologiques (épaisseurs et identification géophysique des matériaux),
  • les cavités naturelles ou zones décomprimées (vides francs, fontis en formation, karsts, failles, galeries naturelles, grottes, terriers),
    les hétérogénéités naturelles  (bancs de sable, poches argileuses, anciens chenaux, lits de rivières),
  • les zones humides, circulations d’eau, nappes phréatiques.

Sur quelle superficie et à quelle profondeur ?

La reconnaissance géophysique des terrains peut être réalisée sur de grandes étendues et à des profondeurs allant de quelques mètres à plusieurs dizaines de mètres.

Les méthodes géophysiques de reconnaissance géologique

Les méthodes de reconnaissance géophysiques ont été initialement développées au début du XXᵉ siècle pour étudier la structure du sous-sol. Ce n’est que plus tard que ces méthodes seront généralisées à des domaines comme l’archéologie ou la géotechnique.

Les méthodes d’investigations géologiques sont donc nombreuses :

Le géoradar

Le géoradar est très utilisé pour mettre en évidence les structures géologiques superficielles comme les cavités, les terrains décomprimés ou les variations lithologiques des couches. La cartographie radar permet d’investiguer rapidement et avec une grande précision de grandes surfaces d’investigations. Le géoradar a également l’avantage de prendre peu de place et d’être peu perturbé par les environnements urbains. Sa profondeur d’investigation peut être limitée par la présence de terrains argileux.

Modélisation radar en 3D du substratum rocheux (en marron) et d’une zone de fracturations (en rouge) sous le sol d’une église
Modélisation radar en 3D du substratum rocheux (en marron) et d’une zone de fracturations (en rouge) sous le sol d’une église
Recherche, le long d’une digue, d’hétérogénéités à l’aide du Dual EM (Electromagnétisme basse fréquence)
Recherche, le long d’une digue, d’hétérogénéités à l’aide du Dual EM (Electromagnétisme basse fréquence)

L’électromagnétisme basse fréquence

Différents conductivimètres basés sur le principe de l’électromagnétisme basse fréquence sont à notre disposition pour cartographier les terrains sur des tranches d’investigation d’épaisseurs variables. Ces outils sont très efficaces pour mettre en évidence les variations latérales de la nature géologique ou les hétérogénéités de terrains. La prospection peut être réalisée par cartographie ou le long d’un profil. Cette méthode est utilisée en milieu non urbain.

La tomographie électrique,

La tomographie électrique est très adaptée à la reconnaissance géologique des terrains. Elle peut être réalisée sur de longues distances (plusieurs centaines de mètres). Elle permet d’atteindre de grandes profondeurs d’investigation (plusieurs dizaines de mètres selon la longueur du profil). Le résultat se présente sous forme d’une coupe géoélectrique, qui, couplée à un ou plusieurs forages d’étalonnage, peut présenter un excellent modèle géologique pour mettre en évidence les variations lithologiques ou les hétérogénéités au sein du sous-sol.

Coupe géoélectrique réalisée par tomographie électrique au droit d’une digue
Coupe géoélectrique réalisée par tomographie électrique au droit d’une digue

La cartographie électrique

La cartographie électrique permet d’établir les variations latérales de résistivités sur une tranche de terrain d’épaisseur constante. Cette dernière dépend de l’espacement entre les électrodes de mesure. Elle peut être choisie en fonction de la profondeur d’investigation souhaitée. La cartographie électrique est utile pour mettre en évidence les hétérogénéités géologiques latérales (poche d’argile, banc de sable…).

Le sondage électrique

Le sondage électrique utilise le même principe de mesure que la tomographie ou la cartographie électrique, à la différence que les variations de résistivités sont mesurées au droit d’un seul point, depuis la surface jusqu’à la profondeur d’investigation souhaitée.

Recherche de substratum rocheux par sismique réfraction
Recherche de substratum rocheux par sismique réfraction

La sismique réfraction

La sismique réfraction consiste à enregistrer, à l’aide de géophones posés le long d’un profil, les temps de parcours des ondes mécaniques, produites par l’impact d’une masse sur une plaque de métal et réfractée le long des différentes couches géologiques. Le résultat est une coupe représentant les couches de terrain en fonction de leur vitesse mécanique. Cette méthode est particulièrement adaptée pour la recherche de substratum rocheux par exemple.

La sismique en forage

La sismique en forage regroupe les techniques “cross hole” et “down hole”.

  • La sismique “cross hole” : consiste à mesurer les temps de parcours des ondes de compression (ondes P) et de cisaillement (ondes S) entre plusieurs forages et à différentes profondeurs. Les ondes sont produites à partir d’une sonde émettrice introduite dans un forage. La réception se fait dans un ou plusieurs forages proches équipés de sondes réceptrices.
  • La sismique “down hole” utilise le même principe que la première à la différence que les ondes sont générées en surface à proximité d’un seul forage.

Cette technique est utilisée dans la prévention des risques sismiques. Elle permet d’obtenir, en plus des vitesses sismiques P et S, les paramètres géodynamiques du sous-sol : E le module d’young, G le module de cisaillement et ν le coefficient de poisson.

Mise en œuvre de la sismique cross hole
Mise en œuvre de la sismique cross hole
Exemple de log de forage des vitesses des ondes P et S
Exemple de log de forage des vitesses des ondes P et S

La sismique marine

La sismique marine utilise le même principe que la sismique à terre à la différence que la source est générée par un canon à air en sub-surface de l’eau et que les géophones sont répartis le long d’un filet tiré par un navire. Le résultat est une coupe de répartition des vitesses sismiques des fonds marins.

Mise en oeuvre de la prospection géomagnétique
Mise en oeuvre de la prospection géomagnétique

Le géomagnétisme

La cartographie géomagnétique permet de mettre en évidence des structures géologiques composées de matière ferromagnétique. En géologie, elle est essentiellement utilisée pour la recherche de gisements de minerai.

La microgravimétrie

La microgravimétrie utilise les variations du champ de pesanteur terrestre pour détecter des anomalies de densité du sous-sol. De ce fait, elle est particulièrement adaptée à la détection de cavités vides ou semi-remblayées, de terrains décomprimés, fracturés ou de zones karstiques.
Elle peut être utilisée en complément du radar par exemple sur des terrains argileux où la profondeur de pénétration de ce dernier est très limitée.

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